avertissement: certaines histoires sont plus ou moins récentes, d'autres ont pour acteurs des personnes dont les descendants sont encore présents au village ou dans la région, sauf accord ou dispersion de la famille, certains noms seront gardés dans le secret des pages cachées, non accessibles au public.
Certaines histoires sont drôles, d'autres sont très tristes, d'autres sont méchantes, d'autres ont été déformées... ainsi va la vie.
on raconte encore:
1 - Que dans la maison "La P...", au tout début des années 1900, le mari, Mr R. tua une nuit sa femme de plusieurs coups de couteau dans son lit. Ce couple avait coutume de se faire livrer un tonneau de vin par semaine ce qui expliquerait tout. Le bruit couru dans le village, le maire A.B. étouffa l'affaire, le crime passa inaperçu pour la maréchaussée et la défunte fut bien vite enterrée.
2 - Que qu'un certain "Auguste Comte" a mordu un des gendarmes qui venaient le chercher (on essaye de se rappeler pourquoi). Ils sont revenus le chercher avec une charrette et cette fois-ci il est embarqué jusqu'en prison. Mais lors du jugement, notre homme sort un pistolet et tue le greffier. Il termine sa vie à Cayenne.
3 - Qu'une vieille femme surnommée "la chachatte" mais dont je tairai le vrai nom, se levait de très bonne heure pour aller voler les légumes dans les jardins. Hormis ce défaut, c'était une très brave femme pleine de gentillesse. Elle prisait et avait toujours les narines toutes noires.
4 - Que le Mile Muart avait une mule qu'il avait acheter pour moins se fatiguer. Désormais, Il descendait donc chercher ses vivres à Arbent avec sa mule. Mais souvent le Mile rentrait tout seul. Les parents inquiets disaient alors aux enfants, surtout faites attention, la mule du Mile coure dans les prés. Et c'était vrai, on retrouvait un pain d'un coté, un kilo de sucre de l'autre pendant que le Mile l'a cherchait partout. La bête ne se laissait pas attrapé si facilement. Moralité, il avait moins de peine avant lorsqu'il descendait à pieds et remontait ses vivres sur son dos que depuis qu'il avait une mule pour l'aider.
5- Que la barjaque barjaquait. Mais pas seulement, c'était une méchante femme, si méchante qu'il lui vint l'idée d'empoisonner sa belle-mère. Elle lui cuisina une omelette aux herbes. Sauf que les herbes... c'était de la cigue. La belle-mère trouvant à l'omelette un gout étrange et connaissant la brue fut prise d'un doute angoissant et donna le plat au chien. Le chien est mort. Cela se passa en haut du village, maintenant impasse du Gye.
6- Que la postière qui habitait tout en haut, (maintenant rue Saint Michel) allait tous les soirs regarder le coucher du soleil.
7- Autrefois les caquerettes étaient au fond du jardin mais pas toujours. Celles de la maison Chaveyriat à coté de l'église coté sud et presqu'au bord de la route en bas de Vie Gadet. On raconte que ce jour la (dans les années 1920), une voiture stationnait en haut de cette rue qui est assez pentue. Les freins de l'époque étaient ce qu'ils étaient, quelque-fois ils "lachaient" et c'est ce qui arriva. La voiture commence à dévaler la Vie Gadet, prend de la vitesse, traverse la route et ... renverse les caquerettes qui se couchent sur le coté. Heureusement, personne n'y était.
8- Que dans les années 1970, mon oncle fauchait ses foins quand vint le trouver le "père Paius" déjà agé, (c'était son surnom bien sur) en lui disant: pendant que vous y êtes, est-ce que vous pourriez me faucher ma parcelle ? - oui, d'accord, mais venez me montrer laquelle c'est, je ne voudrais pas me tromper. - oui bien sur, on y va. Chez nous les prés sont en pentes et il y a beaucoup de moraines. Donc voila mon père Paius qui marche le long de la morraine pour bien délimiter sa parcelle et le voila qui disparait en bas, on ne le voit plus. Puis ré-apparait son chapeau de paille bien sur (d'ou son surnom) et lui avec qui grimpe péniblement pour recommencer à longer sa morraine. Après quelques mêtres , le voila qui disparait encore... heureusement, il ne s'est point fait de mal. Mon oncle a bien compris et fauche la parcelle, une fois le foin à terre, le père lui dit dans un petit sourire: "et ben! c'est le N.T. qui va pas être content, vous venez de faucher son foin!" Lui et N.T. ne s'entendaient pas très bien et il avait trouver drôle de lui faire ce vilain tour.
Et non, le père Païus et N.T ne s'aimaient pas. N.T. avait pris l'habitude de lui dire "bonjour vieux C.." Ce à quoi le vieil homme qui était sourd répondait "bien, merci!" Ce n'était pas très gentil de profiter de la surdité de ce vieil homme, tout-de-même.
Quand ma tante gardait ses chèvres, elle voyait souvent le chapeau du père Païus par dessus les haies. Il venait surveiller si elle gardait bien ses bêtes.
9. Mrs I.C. et N.T. habitaient ensemble par commodité. Or un jour ils se disputèrent et N.T. très en colère sorti le lit de C dehors devant la porte de grange. C'était un simple lit pliant en métal. Or nous étions en hiver et la neige tombait. Le chasse-neige passa, emporta le lit et le descendit jusqu'en bas de la rue vers la fontaine. Lorsque I.C. découvrit son lit dans la banquette de neige, il ne s'en formalisa pas plus que ça et l'installa près de la scie à ruban qui était alors sous l'ancienne école dans une "pièce" ouverte aux quatre vents. Il accrocha un rideau pour couper les courants d'air et en fit sa nouvelle chambre en attendant des jours meilleurs. j'étais moi-même alors encore bien petite, mais j'ai tout de même encore le vague souvenir de cette étrange chambre.
10. Avant la guerre qui détruisit toute la rue principale du village, mr Odobel avait une maison en haut de ce qui est maintenant le "rue saint Michel". Son savoir-faire, sa cave en partie creusée dans la roche et un lait de première qualité bien crémeux, lui permettait de faire des fromages bleus (bleu de Gex) extraordinaires comme on en fait plus et comme on en fera certainement plus jamais. On vient de me dire que ce n'était pas Mr Odobel qui faisait ces si bons fromages mais son épouse (nom de jeune fille "Allemand") qui était institutrice.
11. Dans les années 1970 chez Mme R.R et son fils R, quand on allait chercher du lait (qui était si bon) on entrait dans la cuisine et on voyait sur la cuisinière des casseroles et autres poëles avec des chats dedans. Non, non! ils ne cuisaient pas, ils dormaient bien au chaud. Les seaux de lait posés par terre étaient "goutés" par les chiens et puis quoi ?! on a jamais été malade!
12. Que dans les années 1930, l'instituteur de Sièges était porté sur la boisson. Renée Picaud (devenue plus tard épouse Reuille) qui était alors une toute petite fille se souvenait que lorsqu'il était à jeun, la classe se passait studieusement, mais que dans le cas contraire... les élèves avaient droit à un concert de violon.
13. Que les filles Clerc (maison en haut de la rue du Four) étaient toutes brunes. On les appelait "les mésanges".
14. Que la Lucie attaquée en procès pour un impayé avait répondu contre son créancier sans se démonter "Mais je l'ai payé sous les couvertures!". Un jour la voila malade, il faut faire monter le docteur. C'est le docteur A. d'Oyonnax qui vient l'ausculter mais ce qu'il ne sait pas, lui qui est si propre et si maniaque de sa personne, c'est que chez la Lucie, c'est plein de puces. Les puces sautent partout et notre médecin ressort de la maison couvert de ces charmants petits insectes. On lui offre une chaise et une bassine d'eau et le voila qui relève son pantalon et s'épuçe les jambes dehors devant la maison. Les enfants se moque bien-sur et lui de s'écrier: "Ah, ça vous fait rire et bien pas moi!" Il n'est pas content du tout.
Notre Lucie avait 3 vaches, puis plus qu'une.
15. Que R.R. s'était battu avec D.J. (que l'on surnommait "le grand dévorant") vers la fontaine et que dans la violence des coups, celui-ci avait perdu son oeil de verre et le cherchait partout. "Cherche le bien et quand tu l'auras retrouvé tu pourras tu le coller au c.." lui avait dit R.R.
16. Que le maison des C. "impasse du Gye" a mystérieusement brûlé 3 fois en quelques années. Chaque fois elle était reconstruite un peu plus belle grâce a une bonne assurance incendie.
17. Que les Picaud mettaient régulièrement le feu à leur cheminée. Peut-être était-ce une mauvaise cheminée ?
18. Que dans les années 1960, le père Païus avait fait du bois et l'avait bien rangé. Mr T. qui ne l'aimait pas trop, connaissant quelqu'un qui, précisément en cherchait le lui vendit. Or ce bois était déjà vendu.... aux gendarmes! aïe, aïe, aïe.
19. Que la "Génie", un jour perdit ses clefs. On cherche, on cherche et ... on les retrouve dans le tas de bois, près de la scie qui était sous l'école. Bizarre, bizarre. Ne manquait-il pas quelques buches par hasart ?
Elle avait coutume de récupérer la sciure de la scie dans un seau. Un jour J.C. avec ses copines, encore enfants, lui propose de lui monter son seau de sciure à la maison, mais le renverse en route. Surprise! sous la sciure il y avait quelques morceaux de bois.
Notre Génie qui était par ailleurs une très brave femme, ne pouvait (vous l'avez compris) s'empècher de chaparder à droite à gauche; c'est ainsi qu'elle se levait parfois de très bonne heure pour aller marauder quelques légumes dans les jardins.
20. Mr R m'a raconté que son père lui avait défendu de ne jamais creusé à un certain endroit derrière sa maison car... un Prussien qui avait été tué à Sièges y était enterré...en 1870 ?
21. Que pendant la guerre de 1940, certains habitants du village voisin (dont je tairai encore le nom, inutile de redéclarer une nouvelle guerre) s'était mis à plusieurs pour rosser U.R, simplement parce qu'il était de Sièges. Il en avait été très malade.
venus du même village, certains autres habitants, durant cette même période de disette et de guerre, avaient ouvert toutes les cages à lapins. Sans doute avaient ils également emmené les lapins ?
22. Dans la maison beaudet, une jeune maman M.B. est sur le point d'accoucher. Son mari A.B n'est pas la, l'accouchement se passe mal. Elle n'a pas la force d'aller quérir de l'aide et décède. Elle est enterrée au cimetière de Sièges juste à coté de la porte. A.B. s'est enfermé dans sa maison 3 jours durant. Chacun pensait qu'il ne se remettrai jamais de ce drame mais au bout de ces trois jours, il ressorti et continua sa vie comme si de rien n'était...
23. Notre père Païus avait un taureau pas commode et très imprévisible. Un jour, ma tante A. revenait de son jardin, le taureau l'a voit et sans que l'on sache pourquoi, lui fonce dessus tête baissée. Elle n'a que le temps de se coller contre le mur (qui n'existe plus aujourd'hui et qui était un mur de jardin en face du 1, rue des echallys) et se retrouve une seconde plus tard entre les cornes de l'animal... quelle frousse! la pointe des cornes bien plantées du taureau avaient buter contre le mur laissant juste assez de place à ma tante pour qu'elle survive à l'attaque. Elle s'est glissée par dessous et en même temps le propriétaire de la bète accourait le bâton à la main pour la faire fuir.
24.la bagarre du 18 aout 1942 ou le "ratelier" cassé.
25. Le Youpette était une personne de petite taille qui vivait dans une maison aujourd'hui disparue située rue Saint Michel à gauche en montant. Il vivait avec un vieil homme. en attente de plus de précisions.
26. Dans le même quartier, une mère de famille disait: "Achetez donc le même sucre que nous, il est très bon, c'est du "poids net"!"
27.Lors du mariage de M. Odobel avec sa première épouse de la famille Allemand, les familles des épousés avaient demandé de l'aide pour faire le repas. Les cuisinères cherchant le sel, finalement le découvrirent (en tous les cas, ce lui ressemblait fort en gout et en apparence) et salèrent innocemment tous les mets avec. La fin du repas fut agrémenté de multiples gargouillis gastriques et de courses rapides vers les "caquerettes" ou derrière les buissons quand celles ci étaient déjà occupées... Le sel était en fait un purgatif: du sulfate de soude.
28. La très triste histoire du petit Paul. ... Reyboubet, employé en Mauritanie, eut d'une femme noire deux enfants, Hélène et le petit Paul. Le père les reconnus et décida de les faire venir en France. Le petit Paul resta à Sièges. D'après ce que m'en a dit ma mère qui était bien plus jeune que lui et s'amusait avec lui souvent, c'était un très gentil garçon qui souffrait beaucoup de la méchanceté de certains à son égard. Il aurait dit un jour à Léonie Pan , la gouvernante de Alfred Beaudet " S'il te plait, passe moi à l'eau de javel pour que je sois plus blanc". De santé fragile, il décéda dans l'année de ses 19 ans. Lors de son enterrement, ses amis de la musique (peut etre jouait t'il lui même d'un instrument ) se déplacèrent à Sièges et jouèrent la sonnerie aux morts devant sa tombe. Cet hommage qui lui fut rendu a marqué ma mère a tel point qu'elle en parle encore avec une beaucoup d'émotion tant la tristesse de cette cérémonie était grande.
à suivre... les pots de fleurs emportés, un enfant est né dans le four, les dames blanches du pré des Crés... et dommage pour tout ce que les anciens ont emportés avec eux, et tout ce qu'on a oublié depuis longtemps, très longtemps
Les histoires de loups
tiré de "l'héritage de la terre Franc-Comtoise".
Y avait un jeune gars du pays qui courtisait une fille de Rogna. Pour aller la voir, il passait toujours par "Paradis": Paradis c'est une ferme isolée à peu près à mi-chemin entre les deux villages.
Or, en ce soir de décembre, il s'était attardé et les parents de la belle lui avaient proposé de rester pour la nuit, mais notre galant jugeant la chose incorrecte, refusa gentiment et prit la route du retour.
Lorsqu'il arriva en Paradis, la nuit enveloppait déjà toute chose.
De notre temps, la ferme était habitée, il aurait pu y demander abri mais il préféra poursuivre son chemin ; il le connaissait bien ce chemin, chaque pierre, chaque buisson et chaque arbre et il n'avait pas peur, tout bouillonnant qu'il était de son arrogante jeunesse, de braver cette deuxième étape.
D'ailleurs il n'était pas seul, son fidèle compagnon, son chien était à ses cotés.
Il passa donc devant la ferme de Paradis, où l'odeur des bêtes et du lait chaud lui parvinrent un instant, ravivant son courage.
Il contourna la batisse et descendit vers les prés dans la nuit sombre et glacée ; la lueur d'une lampe scintillait encore dans le lointain, comme suspendue dans l'espace et puis la nuit le happa au creux de la combe.
Alors son chien se rapprocha de lui, la queue entre les pattes et le poil hérissé. Notre jeune Siègeois s'arrèta et écouta la nuit en retenant son souffle, son chien collé contre ses jambes...
Et puis, il entendit le hurlement d'un loup, la... tout près... derrière les premiers sapins... son sang ne fit qu'un tour... Retourner à la ferme ! Il ne fallait pas y penser ! Elle était déjà trop loin. Mais il restait une chance. C'était un chene, planté au milieu de la prairie. Il ne le voyait pas mais il le savait la, quelque part dans la nuit. Alors il courut, courut aussi vite qu'il le put et l'arbre fut la, ce chène sans importance qu'il avait cotoyé tant de fois... il y grimpa vite, très vite, sans effort lui sembla t'il tandis que derrière lui quelque chose courait aussi; il y avait son chien, bien sur, mais il le savait, il était autre chose...
Il est resté toute la nuit perché sur une branche à écouter craquer les os de son pauvre compagnon, dévoré par les loups au pied de l'arbre sans qu'il n'ait pu rien faire...
Ce chène existe encore, il est solitaire au milieu des verts paturages qu'égayaient des rires d'enfants, il sera bientot englouti par la foret qui mange les prés et les moissons d'antan.
Revenant du bois à la nuit tombée, un Siègeois pressait le pas car il avait entendu les loups hurler et les branches craquer et son chien marchait si près de lui, les yeux hagards et le poil hérissé, qu'il en avait la gorge nouée et le coeur affolé. Il ne voulait pas courir car alors, ils viendraient plus vite, à la poursuite de leur proie. Non, il continurait sa marche, l'oreille attentive, l'oeil aux aguets, déjà, il sentait la fumée des feux de bois que brulaient les cheminées et apercevait quelques lueurs de lampes à pétrole.
Il descendit vers le village, passa devant le cimetière lorsque brusquement sans qu'il ne sut jamais pourquoi, son chien se mit à courir quittant le chemin pour remonter par "le Gye" vers le haut du village. Son maitre l'appela, lui ordonna de revenir mais rien n'y fit : l'animal disparut dans l'obscurité... le lendemain matin, on n'en retrouva que quelques os et lambeaux de peau à l'orée du bois, tout près des maisons...
une autre histoire nous parle d'un violonneux qui eut la vie sauve grace a son violon qui tint les loups a distance. Il jouait tout en marchant vers le village.
Les loups venaient quelques fois jusqu'à nos portes : cette histoire arrivera aux alentours de 1870, à mon fils Alix. Son chien ayant demandé à rentrer à la maison, mon fils n'eut que le temps en ouvrant sa porte de voir un loup s'enfuir. Il emportait son compagnon.
Mr Gay le facteur qui, en compagnie de son chien, parcourait à pied chaque jour la route de Viry à Sièges, affirmera avoir vu un loup dans les années 1930. Mais ceci reste encore à prouver car cette race avait disparu, parait'il, de nos contrées.